Préparée par Josy et Michel, cette balade dont le point central était la petite ville de Sauve n'a pas failli à la tradition et Nîmes Auto Rétro tout en exposant son propre patrimoine a également profité de cette journée pour visiter le patrimoine bâti et artisanal régional.
Le point de rendez-vous était fixé à St-Mamert le 16 septembre à 08h15 pour le petit déjeuner préparé par Marie-Claude et Gilles et pour la distribution des carnets de route.
Après ce préambule, les 27 équipages prenaient la route pour un circuit d'une cinquantaine de kilomètres qui nous amenait à Sauve où l'espace de la place de l'église nous avait été réservée pour y garer nos bolides pour la journée.
Pour ceux qui l'ignoreraient encore, Sauve est la capitale de la fourche. C’est avec le bois du Micocoulier de Provence que l’on fabrique cette célèbre fourche. Cette culture est pluri centenaire mais son origine est incertaine. Cet arbre à la frondaison majestueuse, au tronc lisse et droit, peut atteindre une taille de 25 à 30 mètres. Comme l’olivier, il peut renaître d’une souche multiséculaire.
Même si les parties aériennes de l’arbre venaient à être détruites par la cognée, le feu ou le gel, il repartirait en rejets vigoureux tant que la souche et les racines ne seraient pas atteintes. C’est cette pérennité de la souche qui permet la production en continu de fourches tous les ans, sur le même arbre. La présence à l’aisselle des feuilles de trois bourgeons que l’on nomme localement « Fleur de Lys » est à l’origine des trois rameaux, donc des trois becs de la future fourche. L’art des sauvains est donc de savoir conduire harmonieusement leur développement pour obtenir des rameaux de même diamètre, ce que la nature ne réalise que rarement. Ensuite la qualité du bois, à la fois flexible et malléable lorsqu’il est vert, puis dur, résistant mais léger lorsqu’il est sec, a été reconnue comme la caractéristique essentielle qui permet son travail et l’obtention d’une fourche très maniable et peu sujette à la vermoulure.
Ce long travail se passe en trois étapes.
La première et certainement la plus délicate est celle de la taille. Ce travail s’échelonne sur 5 à 7 ans et consiste à conduire avec une taille spécifique les rejets vers la forme souhaitée d’une fourche. Puis une jauge lui permet de savoir le moment où la fourche est prête à être coupée.
La seconde étape est le façonnage nécessitant là aussi une grande dextérité pour peler, galber et cravater la fourche à l’aide d’un outillage bien spécifique. Un court passage au four est ensuite nécessaire pour rendre la fourche encore plus malléable.
La cuisson est la dernière étape. Les fourches ainsi préparées dans leur moule et par groupes d’une cinquantaine, sont prêtes pour un nouveau passage au four où elles resteront entre quinze à vingt heures à 120 degrés. Le four doit être hermétiquement fermé pour éviter que les fourches brûlent. La chaleur entraîne alors la dessiccation des fourches qui seront brunies par la fumée. Seule la partie protégée par la cravate restera blanche et donnera la touche d’élégance caractéristique de cette production.
A l’origine la fourche servait essentiellement pour les travaux agricoles. La mécanisation en a modifié les usages. Actuellement elle est encore employée dans les haras, clubs hippiques, … Elle est aussi utilisée dans les spectacles (reconstitutions historiques) ou la décoration.
A l'issue de cette visite, tout le monde se retrouvait sur la place de l'église ou plus exactement à la terrasse du restaurant le Bossens en contre bas pour des nourritures plus … consistantes.
Après ce bon repas, les équipages se retrouvaient au pied du vieux pont pour y rencontrer M. Bernard Marion, ancien maire de Sauve et historien passionné par sa ville qui nous fit visiter Sauve en nous expliquant ses curiosités et particularités.
Sauve est une cité antique, car son origine serait antérieure de plusieurs siècles à notre ère. Curieuse, car elle est un peu le type même du village vertical, s’appuyant d’un coté au massif de COUTACH et de l’autre surplombant le fleuve VIDOURLE.
Ici, la nature et l’histoire semblent avoir conclu une entente parfaite pour donner le jour à ce chef-d’œuvre exceptionnel. Village chargé d’histoire comme en témoignent son pont vieux du XII et XIIIème siècle, les vestiges de ses remparts, de son abbaye, de son couvent, ses portes fortifiées, ses voûtes, ses hautes tours, et son Hôtel de la Monnaie. C’est aussi un site naturel remarquable de par sa mer de rochers, paysage de relief calcaire façonné par une érosion des eaux aux allures curieuses et mystérieuses, et son fleuve VIDOURLE avec des qualités et des défauts qui lui confèrent une extraordinaire personnalité. Une partie de son cours est souterrain en amont de Sauve où il réapparait en une résurgence.
Pour terminer cette journée, les équipages reprenaient la route pour se diriger vers Fons au Domaine de COUDEROUSSES où notre ami Philippe MOUTET nous invitait à une dégustation de sa production, dont chacun pouvait acquérir quelques bouteilles.
Merci à M. Bernard MARION pour ses commentaires éclairés, à nos hôtes pour leur accueil, ainsi qu'à Josy et Michel pour la préparation et l'organisation de cette belle balade.